Claude Tabel, a introduit la séance publique des journées de l’UFS en soulignant que l’avenir des entreprises semencières est lié aux politiques publiques nationales et européennes au regard de plusieurs échéances déterminantes :
Claude Tabel a ensuite rappelé l’engagement de l’UFS pour porter la voix de ses entreprises dans ce contexte source d’opportunités pour faire mieux comprendre leur rôle et leurs contributions dans les transitions attendues.
Tout d’abord, le philosophe Pierre-Henri Tavoillot a insisté sur le fait que l’espace public démocratique, véritable lieu de discussion sur la manière dont on veut vivre ensemble, est un trésor des démocraties contemporaines. Pour autant, selon le philosophe, nous vivons une crise de l’espace public, qui tend à se retourner contre la démocratie. Le peuple a le sentiment qu’il n’est plus possible de produire des discours vrais, des consensus acceptables et des positions de concertation.
Il résulte de cette situation 3 risques majeurs :
Selon Pierre-Henri Tavoillot, ces 3 risques sont amplifiés par les réseaux sociaux, qui poussent au communautarisme. Un retour à la situation antérieure est impossible, mais Pierre-Henri Tavoillot propose deux solutions :
Son interview
Arnaud Rousseau, 1er vice-président de la FNSEA a estimé que, malgré quelques inquiétudes en début de quinquennat, des mesures importantes ont été mises en place pendant ces 5 années. Emmanuel Macron a été le seul Président à faire voter deux lois agricoles complémentaires lors de son mandat. Les Etats généraux de l’Alimentation et la loi Egalim ont montré la volonté de rétablir un lien entre la production alimentaire, la valeur et les consommateurs. Le 1er vice-président de la FNSEA a également salué le plan protéines, qui porte une vision géostratégique intéressante en remettant en cause des acquis. Selon Arnaud Rousseau, il y a également eu une évolution dans la perception de l’agriculture par le Gouvernement.
Aujourd’hui, le ministre de l’Agriculture est à la manœuvre au niveau européen, dispose de connaissances permettant la bonne compréhension des enjeux et n’hésite pas à s’emparer des dossiers sensibles. Arnaud Rousseau appelle à un cadre réglementaire favorable afin de permettre à la filière semences de retrouver de la technicité et de la croissance. Il a également évoqué l’agribashing, et s’est réjoui de l’efficacité de la cellule Demeter, qui a permis de faire baisser le nombre de délits.
Son interview
Interrogé à son tour, Antoine Henrion, président de Terres Univia, a salué le retour sur le devant de la scène des interprofessions lors de ces 5 années. A l’occasion des Etats généraux de l’Alimentation, elles ont pu incarner les filières, et ont fait l’objet d’une trajectoire d’engagement qui répond aux enjeux de souveraineté sur 3 volets :
Antoine Henrion a déploré le manque de cohérence politique qui peut empêcher les investissements sur le long terme, dénonçant notamment l’insuffisance du soutien à la recherche. Il a rappelé l’importance d’avoir une vision au-delà de 5 ans, pour apporter visibilité et confiance aux filières. Le président de Terres Univia souhaite que le débat soit pragmatique et réaliste. Selon lui, il est urgent de créer une dynamique positive afin d’aider les acteurs du secteur.
Son interview
Jean-Marc Bournigal, directeur général de l’interprofession Semae, a conclu cette table ronde. S’il a salué la volonté des Etats généraux de l’alimentation, il a également rappelé que le monde agricole est attendu sur d’autres sujets comme l’énergie ou le carbone. Globalement, les attentes des consommateurs ont été prises en compte par le Président, et de nombreux éléments positifs en sont ressortis, comme la séparation du conseil et de la vente, ou encore le débat sur la valeur. Il y a eu cependant des points négatifs, comme l’article 83 de loi Egalim qui impacte les semences sans les avoir ciblées. Jean-Marc Bournigal s’est réjoui que les aléas climatiques aient été remis sur le devant de la scène, et que l’agriculture ait été replacée au cœur de la société, notamment au travers du Varenne de l’eau et de France 2030, qui va dans le sens attendu par l’ensemble des filières, surtout sur la révolution génétique.
Son interview
Florence Gramond, directrice du département agriculture chez BVA Group, a présenté le résultat du sondage sur la perception de l’agriculture et des agriculteurs par les Français, réalisé en avril 2021.
Il en ressort une perception positive de l’agriculture par les Français, qui sont plus curieux et intéressés par le secteur qu’il y a 5 ans. 71% ont une très bonne opinion de l’agriculture, et 77% pensent que les agriculteurs ont joué un rôle essentiel lors de la crise du Covid. 52% des Français considèrent qu’il y a eu une évolution positive de l’agriculture.
Cependant, on constate que la majorité des Français sont surpris de la plupart des réalités de l’agriculture et de ses métiers, témoignant d’une méconnaissance globale du secteur et générant des inquiétudes sur certaines réalités.
Son interview
Le politologue Eddy Fougier a poursuivi par une analyse de la prochaine campagne présidentielle, qui risque d’être « âpre et tendue » selon lui. Il estime qu’il risque d’y avoir un décalage entre la nature des débats et les préoccupations réelles des Français.
Les candidats n’ont pas encore présenté leurs programmes, mais il est déjà avéré que les clivages sur les questions agricoles se font sur la question du modèle agricole, du local et de l’innovation. Eddy Fougier distingue 4 catégories :
Le politologue s’attend à ce que les questions agricoles jouent un rôle non-négligeable lors de la campagne : plus les sujets iront sur le terrain identitaire, plus certains candidats essayeront de ramener le débat sur des questions plus classiques comme l’alimentation et le sanitaire.
Finalement, Eddy Fougier estime que France 2030 devrait peser sur le débat présidentiel, avec notamment la Révolution génétique.
Son interview
Le Vice-président de l’UFS, Didier Nury, a présenté les propositions des entreprises semencières aux candidats à l’élection présidentielle. Ces propositions ont vocation à permettre de revenir à l’essence même du métier de semencier. La semence est elle-même porteuse de solutions, et la génétique permet d’améliorer petit à petit certaines caractéristiques des plantes à envisager sur le temps long.
2022 sera une année charnière, car en plus de l’élection présidentielle, il y aura également la PFUE et la révision des directives de commercialisation des semences.
Les 12 propositions vont donc au-delà de l’élection présidentielle, et s’inscrivent dans une vision de moyen terme.
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Clément Beaune a tout d’abord souligné que la France est à l’aube d’un moment important que représente la Présidence Française de l’Union européenne, occasion rare de faire accélérer l’Europe.
Selon le Secrétaire d’Etat, la filière semencière sera au cœur des préoccupations européennes, et cela sera l’occasion de faire avancer, avec Julien Denormandie, les idées essentielles de réformes européennes. Le savoir-faire français et européen est majeur, la sélection variétale et la filière semencière sont des atouts stratégiques qui permettent de réduire nos dépendances et de nourrir la population.
Clément Beaune et Julien Denormandie travaillent sur plusieurs sujets importants : la consolidation du budget stabilisé de la PAC, la réforme de la politique commerciale pour instaurer de la réciprocité dans nos échanges commerciaux, l’investissement pour réduire nos importations afin que l’Europe soit autonome. Clément Beaune appelle à une bataille pour la souveraineté et pour notre modèle alimentaire.
Le Secrétaire d’Etat invite le secteur semencier à apporter des idées et des propositions pour faire avancer les choses de manière précise et utile.
Son interview