D’apparition en mutation, la biodiversité est en constante évolution. Il est indispensable de préserver la complexité des écosystèmes en respectant les interdépendances entre espèces, bactéries, faune et flore. En contact quotidien avec le végétal et le vivant, la biodiversité végétale est la principale ressource dont dispose le sélectionneur. Alors que la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques annonce que près d’une espèce végétale sur 8 est menacée d’extinction (*), rappelons que les semenciers sont particulièrement attentifs à la sauvegarde de la biodiversité cultivée et comptent parmi les principaux contributeurs au maintien, partage et développement de la biodiversité.
La biodiversité végétale cultivée, ancienne et actuelle, est la boîte à outils du sélectionneur. Elle est le fruit de milliers d’années de domestication des plantes par l’Homme, qui la distingue de la biodiversité sauvage. Il puise dans les collections de plantes existantes pour obtenir de nouvelles variétés. Ainsi, plus cette diversité est grande, plus les chances d’innover sont importantes.
Impliquées dans 11 réseaux de conservation public-privés à travers la France, les entreprises semencières apportent leur savoir-faire pour la conservation et la reproduction des collections de ressources génétiques. Cette coopération s’attache à la caractérisation scientifique des plantes. La gestion de ces ressources génétiques au travers de programmes de recherche améliore la connaissance collective de la biodiversité existante. Actuellement, plus de 37 000 ressources génétiques sont conservées au sein de ces réseaux, qui garantissent leur accessibilité à tous, gratuitement et sur simple demande.
Les ressources génétiques, considérées comme un bien commun de l’humanité et échangées librement, sont placées sous la souveraineté des Etats qui définissent des principes d’accès et de partage pour ces ressources.
Sur le plan international, l’UFS soutient, au nom de ses adhérents, les modalités de partage des ressources génétiques, précisées par des traités internationaux (*). Dès 2009, le secteur semencier français a été le premier acteur privé à mettre gratuitement des collections de blé et de maïs à la disposition de tous par l’intermédiaire de ces traités (TIRPAA et Protocole de Nagoya), en collaboration avec l’INRAE.
Par ailleurs, il est le premier contributeur privé à ce fonds dédié à la conservation des ressources génétiques, qui concourent à la préservation de plus de 4 millions de plantes qui sont ainsi conservées dans le monde .
Avec en moyenne 13% de leur chiffre d’affaires investit en R&D, les entreprises semencières entretiennent une dynamique d’investissement en recherche supérieure à l’aéronautique. Ils partagent la conviction que l’innovation est une des clefs pour maintenir et enrichir la biodiversité.
Le métier de sélectionneur consiste à obtenir des variétés performantes qui répondent aux attentes des utilisateurs. Chaque nouvelle variété doit apporter un progrès génétique notable et se doit d’être rigoureusement distincte des semences existantes afin d’être commercialisée. Loin de l’image de standardisation, cette exigence est une garantie de valeur ajoutée pour l’utilisateur et l’assurance d’une plus grande diversité disponible au sein de chaque espèce. Chaque année, pas moins de 550 nouvelles variétés de plus de 70 espèces différentes sont commercialisables en France offrant aux agriculteurs, maraîchers, jardiniers une abondance de choix.
En se dotant, dès les années 60 d’un système de protection des variétés, l’état français a créé un environnement propice à l’amélioration génétique des espèces végétales, à même d’interdire tout appropriation du vivant et de limiter les monopoles. Appelé Certificat d’Obtention Végétale (COV), ce système garantit le droit à tout amateur de reproduire les variétés pour son usage personnel et aux agriculteurs d’utiliser une partie de leur récolte pour les semer, en échange d’une contribution versée à l’obtenteur de la variété.
Tout un chacun peut utiliser, gratuitement et sans autorisation préalable, des variétés protégées à des fins de recherche et de sélection. On appelle cela l’exemption du sélectionneur.
Enfin, les semenciers participent à l’introduction et à l’acclimatation de nouvelles espèces sur le territoire. Par exemple, la tomate était inconnue en France il y a 800 ans, comme la pomme de terre et le haricot. Après leur introduction dans notre pays, ce sont les agriculteurs puis les semenciers qui ont progressivement contribué à les adapter aux conditions locales et à diversifier les types variétaux ainsi que leurs usages. Plus récemment, ce sont la graine de chia et le soja qui ont fait l’objet de travaux de sélection similaires, afin de les adapter au climat français.
L’interprofession semencière française (rassemblée au sein de Semae) a décidé en 2013 de prendre intégralement à sa charge l’inscription de certaines variétés de légumes, souvent qualifiées d’« anciennes », dont les critères d’évaluation sont allégés.
Cette initiative, qui vise aussi à protéger la biodiversité, a déjà permis de préserver plus de 300 variétés au catalogue. Cette inscription gratuite permet de commercialiser aux jardiniers amateurs et maraichers, des variétés de semences menacées de disparition. Cet engagement rend accessible une large diversité de variétés de tomates, de choux, concombres, courgettes, laitues, melons, navets, piments ou encore de radis (source Semae).